En plus de procurer une grande satisfaction, une bonne session fait du bien à la tête et au corps. On en sort avec une bonne fatigue, bonne pour le moral, mais la santé en tire aussi profit grâce à la composition de l’eau de mer, qui peut avoir des actions très favorables, lorsqu’elle n’est pas polluée. Par Vincent Chanderot, 2020, Wind mag et Kiteboarder
Sans vouloir paraphraser le publi-rédactionnel qui caractérise le traitement de ce sujet dans la presse féminine et les sites de médecine parallèle, nous pouvons ici relayer que l’eau de mer semblerait décupler les bénéfices du kitesurf. En effet, si ces théories sont encore discutées, les oligoéléments de l’océan pourraient agir sur l’immunité, la circulation, la peau, le tonus, le bien être, mais sont aussi l’objet d’idées reçues. Les promeneurs qui viennent prendre un simple bol d’air marin en regardant les vagues peuvent en témoigner, pas besoin de bains à remous pour ressentir déjà l’effet revigorant des embruns.
La théorie des ions négatifs
A la faveur de l’énergie des vagues, des molécules présentes dans l’eau se retrouvent en suspension dans les aérosols pour quelques minutes sous forme ionisée. On retrouve dans les embruns ces molécules cassées à des concentrations plusieurs milliers de fois supérieures à celles de l’air des villes.
La charge négative des certaines molécules ionisées aurait, selon des études et les vendeurs d’ioniseurs, la capacité de purifier l’air en fixant les poussières et les bactéries. L’inhalation des cations pourrait quant à elle, selon des mécanismes pas totalement élucidés, réduire le stress et l’anxiété, mener une action antalgique et favoriser le sommeil en agissant sur la sécrétion de sérotonine. Certains auteurs avancent aussi une augmentation des capacités cognitives et une amélioration des performances sportives, notamment grâce à l’observation de baisses du rythme cardiaque et de la ventilation au repos, ainsi que d’un retour plus rapide à la normale de la pression artérielle et du pouls pendant la récupération. Des travaux que vous pourriez aussi vérifier par exemple après un moment difficile dans les vagues avec un vent très rafaleux. Noterez-vous une différence significative de vos performances cardio selon que vous naviguerez en mer agitée ou sur lac calme ? Notez toutefois que plusieurs facteurs agissent sur la quantité d’ions négatifs : la pression atmosphérique, l’humidité de la masse d’air, les UV, les plantes et la proximité d’un orage.
En plein dans le pif
Le nez se décongestionne spontanément grâce aux embruns, mais chaque vague qui nous drosse, chaque boitasse offre à notre tarin un véritable nettoyage en profondeur. Pour peu que l’océan ne soit pas pollué, nos muqueuses sont purgées de leurs microbes et nous évitent les infections ORL du genre sinusite, laryngite, pharyngite, bronchite. C’est d’ailleurs pour cela que les labos vendent aux malheureux éloignés des côtes des pschitt d’eau de mer isotonique (diluée) qui présentent l’avantage sur les sprays médicamenteux d’être naturels et sans vasoconstricteurs puissants.
Où boire la tasse cet été ?
De l’importance de bien choisir son spot et son moment : un rider ingurgiterait par petites prises l’équivalent d’une tasse d’eau de mer pendant une session. Cette dose de sels minéraux ingurgitée par les riders réguliers serait addictive et contribuerait à la sensation de manque en cas d’impossibilité d’aller au contact de l’eau. Nous l’avons souvent évoqué ici, il existe notamment un petit risque de gastroentérite en cas de buvage-de-tasse polluée par des bactéries fécales. A l’exclusion de ce cas, boire la tasse n’est pas un problème. C’est même la base d’une médecine très populaire au début du XXè siècle sous l’impulsion de René Quinton, tombée en désuétude faute preuves scientifiques indiscutables, mais qui rencontre toujours de nombreux adeptes parmi les amateurs de naturopathie. Constatant que l’eau de mer contient quasiment tous les oligo-éléments terrestres et qu’ils y sont présents dans les mêmes proportions (après dilution) que dans le plasma humain, il a trouvé dans ce complément alimentaire un remède contre à peu près tout. Cette performance comparable à celle d’un marabout-guérisseur aurait-t-elle contribué à sa marginalisation ? Pour notre collègue Guillaume Barucq, surfeur, blogueur, médecin et apôtre de la « surf thérapie », l’eau de mer en ampoule n’est pas un traitement en soi, mais constitue un apport en antioxydants et en oligoéléments qui soutient les équilibres minéraux. Le regain d’énergie qu’elle apporte contribue à améliorer la rémission de maladies. Les travaux de recherches récents tendraient aussi à démontrer que l’eau de mer active les lymphocytes T et boosterait par conséquent le système immunitaire.
La mer à boire… et à manger
L’eau salée aurait des vertus médicinales, il ne faut cependant pas l’utiliser pour la boisson. Le Dr Alain Bombard, a expérimenté sur lui-même, en se naufrageant volontairement en 1952 pour une transat sans eau ni vivres, une technique de survie qui pourrait être utile si par malheur vous deviez l’imiter. Boire l’eau de mer cinq jours d’affilée, c’est la mort assurée, aussi, il propose en cas de sécheresse, d’alterner 3 jours d’eau douce (réserve, pluie, poisson pressé) avec 3 jours à 800g d’eau de mer, mais sans manger, afin de réduire l’absorption de sel. L’urine fraîche compte aussi beaucoup d’adeptes, même en dehors de situations de survie, notamment en Chine, cependant à la rédac, nous n’avons pas testé… L’eau de mer offre aussi de quoi se nourrir: le plancton que l’on peut récupérer avec un filet ou du linge est une bonne source de protéines.
Petite thalasso d’après session
Le bain de mer possède aussi ses vertus. Il détend le corps et l’esprit. Une petite baignade sans la combi en fin de session aide à rafraîchir le corps et à détendre muscles. Se baigner en mer régulièrement et brièvement (une minute par degré Celsius) est très bénéfique pour la circulation sanguine et l’atténuation des douleurs, c’est par contre une très mauvaise idée de se baigner à poil le matin du 1er janvier si le corps n’y est pas habitué. La baignade ne présente pas de risque particulier après un repas, cette croyance est une déformation : ce sont en fait les heures les plus chaudes, donc celles qui suivent le déjeuner, qui sont les plus favorables à l’hydrocution. On peut aussi lire parfois que les bains (comme les douches) contribuent à hydrater la peau. Bien au contraire : en s’évaporant, l’eau laisse des ions sur l’épiderme. Cela renforce la perte insensible en eau et assèche les couches profondes. La peau n’absorbe d’eau que si celle-ci est émulsionnée (càd mélangée à un corps gras), en revanche un transfert d’ions peut se réaliser en s’enduisant de boues marines. Vous pourrez enfin lire parfois que la mer est un bon antiseptique pour soigner les blessures grâce au zinc qu’elle contient. C’est évidemment un mauvais conseil, car si le zinc peut remplir cette fonction, l’eau de mer n’est pas aseptique (stérile) de plus son sel creuse les blessures et empêche leur cicatrisation.
Image d’ouverture par Matchu Lopes, les autres (c) Duotone