La précision d’atterrissage au quotidien

Les atterrissages très approximatifs sont une spécialité des mieux partagées au monde… Les plus grands champions de PA nous proposent ici leurs ficelles pour s’améliorer au quotidien et pour accélérer les prises de décisions si vous deviez être trop haut ou trop bas.

Par Vincent Chanderot, avec Nathalia Pinzon, Matjaz Feraric, Alex Mateos, Elisa Manueke dans Paramoteur+ n°57

Feraric par Drutschel

JE SUIS UN PEU LONG A L’ATTERRO

DANGERS

  • VOULOIR POSER A TOUT PRIX DANS LE TERRAIN
  • SACRIFIER LA VITESSE
  • POMPER OU FLIRTER AVEC LA PARACHUTALE
  • POSER EN VIRAGE SERRE = ABATTEE PRES DU SOL EN SORTIE DE RESSOURCE
  • RELACHER LES FREINS DANS LA FINALE = ABATTEE PRES DU SOL
  • FREINER EN TRAVERSANT LE GRADIENT =  CRATERE
  • RENTRER LES JAMBES

OPTIONS

– PETIT « S » DE LAÇET SUPPLEMENTAIRE

– FINALE EN DIAGONALE : 

40° = 25% DE LONGUEUR SUPPLEMENTAIRE

– QU’Y A-T-IL AU BOUT DU TERRAIN ET A CÔTE ?

  • SI JE SUIS DEJA TRES BAS

 – EN POSITION DEBOUT J’AUGMENTE MA TRAINEE

 – FIN DE FINALE EN DIAGONALE VOIRE PERPENDICULAIRE SI JE NE PEUX PAS DEBORDER

UN PEU DE FREIN DEGRADE MA FINESSE. MAIS J’EVITE LES BASSES VITESSES ET NE DOIS PLUS RELEVER LES MAINS SOUS PEINE D’ABATTEE PRES DU SOL

  • IL Y A UN OBSTACLE EN BOUT DE FINALE
Le regard bloqué sur l’obstacle -> je finis souvent dedans (c) Rouanet / Ozone

– Je ne bloque pas mon regard dessus

– Je peux modifier ma trajectoire pour l’éviter

🤙 On pose long surtout par vent faible : je peux m’écarter sans crainte de son axe à la sellette

– Je pèse les conséquences d’une collision avec cet obstacle : est-t-ce grave ou pas ?

😅 C’EST UNE PETITE CLOTURE OU DES BUISSONS :

Je peux passer par-dessus dans le pendule final 

-> j’arrive bras hauts pour une ressource maximale au dernier moment

😨 C’EST UN OBSTACLE DANGEREUX : AUTRES TECHNIQUES D’URGENCE

  • POMPING ☠️☠️

– Risque important de décrochage près du sol

– Exige de bien connaitre et d’écouter les limites de sa voile

– Risque accru en air turbulent. Multiplié sous le vent d’un obstacle

– Se travaille en flux laminaire et en milieu sécurisé. 

– C’est une pratique de compétiteurs en PA

– Consiste à relever les mains lorsque le point de parachutale est atteint

  • OREILLES EN FINALE ☠️

– Perte du contrôle des commandes

– Taux de chute important

– Risque de parachutale ou decro (puisqu’il est difficile de se préparer à poser en poussant l’accélérateur

– Possible avec 1 seule oreille

  • POSER AVEC VRILLE ? ☠️☠️☠️☠️

– A déconseiller : C’est une manoeuvre d’acro qui ne s’improvise pas

  • LE PARACHUTE DE SECOURS ?

– Il peut se lancer à 10m en tenant les commandes d’une main, mais le temps qu’il s’ouvre on aurait pu trouver beaucoup mieux

  • DECROCHAGE ?  ☠️☠️☠️☠️

– Danger ! Il fait monter, basculer sur le dos puis chuter. L’obstacle et les alentours sont-t-il si hostiles ?

(c) Gordie

JE SUIS TROP COURT A L’ATTERRO

DANGERS

  • S’OBSTINER A VOULOIR POSER DANS LE TERRAIN
  • PASSAGE SOUS LE VENT D’ARBRES EN BORDURE DE TERRAIN
  • PASSAGE AU PLAN B TROP TARDIF
  • CLOTURES ET FOURRES

OPTIONS

JE N’HESITE PAS A POSER SUR LE TERRAIN PRECEDENT

C’est souvent la seule solution

POSITION AERODYNAMIQUE ET BRAS HAUTS 

pour gagner quelques mètres

FREINER NE FAIT PAS GAGNER DE FINESSE!

sauf sur certaines mini voiles piqueuses bras hauts

Trop court… mais il existe des échappatoires (c) Romand

LA PROCHAINE FOIS… 

+ Je fais une PTU. Je fixe précisément un point au tiers/moitié du terrain

+ Si je dois faire des 8, qu’ils ne ressemblent pas à des S

+ J’évalue les conditions sur le terrain : 

    – rotations et rafales de vent (sens d’affalage des ailes, manches à air), 

    – activité thermique (biroutes, nature du sol, masse d’air pendant la perte d’altitude)

     – gradient (morphologie du terrain, végétation, comparaison de ma dérive avec la manche à air)

     – influence des obstacles (venturis, turbulences, contraintes d’approche)

POUR PROGRESSER :  

+ Je débriefe systématiquement chaque atterro :
Pourquoi ai-je bien ou mal posé ?
Quels étaient mes repères et étaient-t-ils bons ?
– Je note ces observations dans un cahier ou un coin de ma tête

+ Je verbalise à haute voix mes placements et mes repères pendant l’approche, pour chaque orientation et condition de vent.
Les approches sont souvent subjectives et instinctives, or elles gagneraient à devenir objectives et calculées. Cet exercice aide.  

UNE BELLE APPROCHE EN U

+ Perte d’altitude au vent en recueillant les informations

+ Un repère d’entrée en étape de base se trouve plus facilement que pour le départ en branche vent arrière. On régule son altitude en louvoyant sur la branche vent arrière.

+ L’entrée en étape de base sera plus basse pour un terrain étroit

+ Une finale dans du vent se commence plus haut que sans vent

+ la profondeur de déclenchement de la finale s’anticipe en fonction de la force du vent

CONSEILS DE CHAMPIONS

ALEXANDRE MATEOS (FRA) CHAMPION DU MONDE PARAMOTEUR

+ Il n’y a pas de repère définitif pour verbaliser une approche basée sur le feeling, seulement l’entrainement et encore l’entrainement.

+ A chaque changement de matériel, je construis consciencieusement des nouveaux repères.

+ Je vise précisément un point plutôt que simplement le terrain et ne le quitte plus des yeux.

+ Je reste cependant attentif aux autres pilotes afin d’éviter les collisions. River mes yeux sur une cible permet d’évaluer finement mon placement et de mieux déclencher le dernier virage

RIKA WIJAYANTI (INDO) VAINQUEUR COUPE DU MONDE PA 2019 FEMININE

+ Je privilégie toujours les finales les plus longues

+ En précision avec ma voile EN-A, je déclenche ma finale à un angle de 40° que je régule en fonction des conditions

NATHALIA PINZON (COL) CHAMPIONNE FEMININE PA AMERIQUE LATINE

+ Je visualise depuis l’atterro toutes les trajectoires d’approche possibles selon les secteurs et forces des vents, et m’efforce ensuite de m’y tenir

+ Je déclenche ma finale en fonction du vent mais aussi de la pression atmosphérique que je relève au baromètre : Le parapente planera plus loin par hautes pressions

+ J’ai calculé le plané de mon parapente mathématiquement : je sais pour toutes les vitesses de vent de combien de mètres je vais avancer pour un mètre perdu

+ Je n’ai pas de compas dans l’œil, mais l’entrainement permet à l’œil d’acquérir ces repères et d’analyser aussi les zones qui montent ou descendent sur le terrain d’atterrissage

+ J’ai l’habitude de sortir tôt de ma sellette, dès la perte d’altitude. C’est une chose de moins à faire dans la finale. Je peux me concentrer sur le reste et éviter des mouvements parasites

ELISA MANUEKE (INDO) VAINQUEUR COUPE DU MONDE PGAWC 2017 

+ Il faut bien connaître sa voile et sa finesse. Avec 10 de finesse, une finale commencée 5m trop haut finit 50m trop loin

+ Je visite les atterros avant le vol pour identifier d’éventuels obstacles qui pourront aussi me servir de repère (arbres, fils, pylônes, bâtiments) et positionner ma « box d’atterrissage »

+ Ma « box » est le plan sur lequel s’inscrit ma finale. Pour une b sport, c’est un prisme de 100m de long et 10m de haut (ou 50x5m et 10x1m). J’essaie de la situer par rapport aux obstacles qui sont aussi mes repères 

+ J’habitue mes yeux en vol à prendre des repères d’angle, à mesurer la hauteur en regardant en dessous, mais aussi à l’horizontale, par rapport aux obstacles

MATJAZ FERARIC (SLO) TRIPLE VAINQUEUR DE LA COUPE DU MONDE PGAWC 2012, 2013, 2015

SA METHODE EN COMPETITION DE PA

1. J’examine l’attero : la configuration du terrain (pente, venturis) et anticipe sur des changements qui pourront affecter mon approche. Que devra-t-il se passer si le vent tourne ? je visualise toutes les approches possibles et l’influence des obstacles.

2. En vol, je viens avec beaucoup de hauteur au-dessus du terrain. J’observe les changements dans le ciel, les développements thermiques et les modifications du vent. Je regarde au sol comment se passent les atterros des autres pilotes et les manches à air.

3. Si la ou les manches à air donnent des informations contradictoires, je me bloque sur la direction dominante

4. Ma finale déclenchée, je ne dévierai plus de cette direction, même si le vent devait tourner. Si sa force varie, je réagis doucement pour éviter les oscillations, la perte d’altitude et de vitesse.

5. En compétition de PA, mon repère de déclenchement de finale se trouve à 30m de haut, 100m avant la cible. Il varie avec le vent, le thermique et la config du terrain. Vous n’utiliserez pas le même car les voiles en pa ont peu de finesse et parce que je fais ma finale avec 50% de frein, ce qui me permet d’allonger en levant les bras et de plonger en les baissant. C’est une pratique pour la compétition : au quotidien, on reste en vitesse max dans la finale par sécurité 

6. Je sors de la sellette et charge ma ventrale dès l’étape de base, afin de pouvoir ressentir la glisse que j’aurai pendant la finale et de corriger

7. Je ne pose pas avec les yeux, mais avec les pieds, donc je corrige en visant plus loin, car le 1,5m de différence verticale se traduit par 10m d’écart horizontal

8. Si je suis trop haut en finale, j’exerce un freinage permanent proche du point de décrochage, mais attention il faut être très entraîné à bien ressentir la voile pour corriger la tendance au décrochage. Ça ne se justifie absolument pas hors compétition, a part en cas d’urgence, tout comme le pomping

9. Pour poser, je m’autorise un freinage profond à 1 ou 2m, mais il faut être debout et penché en avant pour compenser la bascule arrière

10. En cas de rafales pendant la finale, je reste bras haut. En compétition j’utilise parfois l’accélérateur, mais ne peux ensuite plus le lâcher avant d’avoir posé.

11. Si je suis trop court pour faire la cible, je reste à fond, bras hauts et ne freine qu’au dernier moment pour gagner un peu sur le swing.

12. Pour se lancer dans la PA, je conseille de s’entrainer dans toutes les conditions en conservant surtout de bonnes afin de développer le feeling aux basses vitesses, très dangereuses. La précision est très utile en cross, on progressera en choisissant à chaque vache un point d’atterrissage précis et en s’y tenant. Mais toujours avec de bonnes marges, car en cross il y a beaucoup plus d’inconnues

(c) Feraric

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