Les dix commandements pour une progression sereine vers l’autonomie

A la sortie de l’école, quand vient le temps de voler en autonomie, les jeunes pilotes doivent faire face à un supplément de pression, qui fait parfois y aller à reculons. Le vol est potentiellement dangereux, or il faut maintenant prendre soi-même les décisions et assumer ses analyses sans encadrement ni assistance. Pour les jeunes pilotes et pour ceux qui les accompagnent : voici nos conseils pour voler plus serein sur la route de l’autonomie.

Par Vincent Chanderot dans Paramoteur +

I. Choisis ton spot

Le site adapté à son niveau est celui permettant de progresser en sécurité sans trop galérer. L’inconnu génère de la peur, alors il faudrait dans un premier temps faire ses armes sur un site facile et familier. Suffisamment vaste, plat et dégagé d’obstacles pour offrir de bonnes marges de sécurité. Apprendre sur un site (déco, aérologie, atterro) trop technique est contre-productif : on y apprend moins vite et il y a moins de plaisir. Il peut se former une appréhension des décollages et atterrissages, qui deviennent une épreuve alors que ces phases devraient susciter plaisir et émoustillement. Avoir conscience d’être sur un site exigeant génère du stress dont les jeunes pilotes pourraient se passer. Lorsque par exemple il faut parvenir à décoller avant la falaise ou gérer une clôture des arbres ou une ligne électrique au bout de l’atterro, il y a une pression mue par une obligation de résultat. Les terrains sont en général choisis pour leur aérologie favorable… mais on fait souvent ce qu’on peut avec ce qu’on a, et dans certaines régions il faut composer avec l’urbanisme en plus de la météo. Voler sur un site très fréquenté génère un sentiment d’insécurité et du stress : le risque de collision augmente et il y a tous ces regards pointés vers nous. Néanmoins, la présence d’autres pilotes permet une prise d’information et une surveillance mutuelle, nécessaire aussi pour se rassurer. Voler sur un site radicalement différent de celui sur lequel on a appris nécessite de prendre le temps de l’évaluer, de questionner les locaux et on peut toujours se faire accompagner par un moniteur pendant quelques heures après le stage, pour bien l’appréhender.

II. Choisis tes conditions

Selon les jours et les heures, un même terrain pourra être venté ou pas, thermique ou pas, cerné de fronts ou recouvert de brume… Une aérologie facile, c’est un facteur clé de réussite pour la progression. Les conditions météo des premiers vols devraient être plaisantes pour que l’apprentissage ne devienne pas un supplice ou pire qu’il cesse. Accumuler de l’expérience dans un premier temps dans des conditions faciles permet de construire un socle technique et mental sur lequel on pourra ensuite s’appuyer pour s’aventurer dans des conditions plus venteuses ou turbulentes. L’apprentissage dans des conditions rugueuses ne fait pas forcément des pilotes plus endurcis, mais génère assurément plus d’abandons. Et voyez parmi les meilleurs parapentistes, tous ne se sont pas formés dans les sites dantesques : Honorin Hamard est Normand, Maxime Pinot de Vesoul…

La crainte de l’accident est naturellement la première cause le stress, or la météo est souvent impliquée dans l’accidentologie, par conséquent ceux qui y sont sujets doivent s’accorder du temps pour trouver les bonnes conditions. Beaucoup de pilotes privilégient le vol du matin ou du soir car les turbulences d’origine thermique y sont plus calmes, mais cela n’empêche pas le vent de souffler ou de tourner, notamment dans un ciel de traîne. Beaucoup de problèmes peuvent être évités en ne volant pas quand il est prévu de l’orage, et quand il est prévu plus de 20kmh de vent (les prévis comptent rarement les effets de brises observables aussi en plaine). Enfin, voler en fin de créneaux, à 1 ou 2 heures près, c’est confier sa vie à un modèle mathématique quand il existe toujours une bonne probabilité de décalage ou d’erreur…

III. Choisis ton matos

La première question qu’on se pose est de savoir si tout ce bazar est bien solide… Elle est bien légitime, tant la base est d’avoir confiance dans le matos. Donc pour être serein là-dessus, il suffit de se documenter un peu. Les valeurs de rupture des suspentes sont indiquées dans les fiches techniques et il y a vraiment de la marge, avec 8G du PTV max en parapente (6 en paramoteur). On n’a jamais vu un mousqueton acier, un châssis ou les suspentes d’une aile pas trop ancienne et bien entretenue casser en vol dans le cadre d’une utilisation normale ! En revanche des désuspentages peuvent s’observent après des vracs sur des ailes trop vieilles et non contrôlées, donc faites inspecter votre aile ! Avoir confiance en son matériel, c’est aussi pouvoir se fier à une bonne sécurité passive, une capacité à bien rouvrir, mais la classification des ailes de paramoteur n’est pas aussi claire que la norme EN des parapentes (où tout n’est pas évident non plus, en fait). La norme EN décrit les réactions des ailes à des simulations de vracs dans des conditions parfaitement calmes (donc dans lesquels ils n’arrivent quasiment pas). La catégorie des ailes de progression, la B, est tellement vaste, qu’on trouve de tout, des ailes hyper faciles mais aussi des ailes bien plus techniques et puissantes à plus de 6 d’allongement. Renseigne-toi bien sur ce que tu as sur la tête!

Utiliser du matériel adapté à son niveau sonne comme une évidence, pourtant est-ce toujours le cas ? On peut avoir acheté sa première aile d’occasion surtout parce qu’elle semblait être une bonne affaire, mû par un mauvais conseiller. Il n’y a pas plus contre-productif que d’apprendre un sport de glisse avec du matériel trop technique pour soi. Une aile rapide, surtout reflex, accélérée à fond aura beaucoup plus d’énergie en cas de vrac (puisqu’elle augmente avec le carré de la vitesse). On change de catégorie d’aile lorsque l’on parvient exploiter le maximum de la précédente et qu’on bute sur ses performances. Choisir une aile plus perf en prévision de l’avenir fera in fine perdre du temps, car la progression sera moins fluide, moins sereine, et il y a des choses qu’on n’osera pas essayer. Elle s’arrêtera sur des difficultés et pourra surtout générer plus de frayeurs dans la période où se construit l’assurance. On voit des jeunes pilotes que leur matériel trop pointu pour eux démotive voire fait renoncer. Il faut donc le choisir en fonction de son niveau du moment et pas de celui qu’on compte atteindre. La réalité contredit les pilotes qui affirment augmenter leurs marges de sécurité en passant sous une aile plus pointue : c’est rarement le cas. Ils ne s’entraînent plus beaucoup aux spirales, mais ne changent pas leurs plans de vols (et continuent de se caler sous le vent avec les autres, si c’est dans leurs usages)*. Par contre, savoir qu’on dispose d’une seconde chance avec un secours bien dimensionné avec un PTV <80% de son PTV max, fraîchement replié, contribue clairement à une sérénité dont on ne peut rapidement plus se passer.

IV. Choisis tes amis

Pouvoir bien s’entourer, notamment tant que son analyse n’est pas encore au top, est bien utile, en plus d’être sympa. C’est ce qui est difficile au début : on n’est pas toujours très sûr de soi, mais on ne connait pas encore grand monde et on ne dispose pas encore les clés pour savoir à qui on peut se fier, au-delà de son instructeur. Les meilleurs compagnons de vol sont ceux en lesquels on peut avoir confiance. Trouve ceux dont les connaissances de la météo ou des sites pourront combler vos lacunes. Les copains rencontrés en école ont rarement plus d’expérience que soi mais peuvent créer une émulation. Certains prennent une sorte de leadership, mais ça ne signifie pas que leur analyse soit meilleure ou même bonne : ils peuvent juste avoir une plus grande gueule. On rencontre facilement des anciens en paramoteur et parapente, d’abord en saluant tout le monde en arrivant, en donnant un coup de main pour décoller, et aussi en allant poser quelques questions. Avoir quelques bières dans la glacière ne peut pas faire de mal non plus. Et bien sûr il y a les clubs, qui sont faits aussi pour accueillir les jeunes et les accompagner. Dans la faune des pilotes, il y a tous les profils, dont certains peuvent s’avérer toxiques pour les jeunes en proie au stress. Entre ceux qui sont trop prudents, ceux qui prennent trop de risques, ceux qui parlent tout le temps d’accidents… La plupart des sites et des clubs ont maintenant leur groupe Telegram ou Wattsapp pour se refiler les infos sur la météo et les vols. Ne vous endormez pas sur eux pour l’analyse météo, faites aussi vos observations, ça fait partie de la progression et de la prise de confiance, parce qu’en l’air, vous serez seul !

Les filles sont peu nombreuses en parapente, et c’est pire en paramoteur, aussi les hommes ont-t-ils tendance à vouloir les chaperonner, à leur faire profiter de leur grande expérience. Attention messieurs, tous ces regards fixés sur elles, ces excès de bienveillance peuvent aussi être source de stress pour certaines demoiselles (surtout au décollage). Beaucoup d’entre elles n’ont pas forcément envie de serviteurs dévoués qui scrutent leurs moindres défaillances. Avant de décréter qu’elles ont besoin de vous, laissez-les respirer, prendre l’initiative, et posez-leur éventuellement la question !

V. Connais bien ton aile

Pour plus de sérénité, on doit bien comprendre les réactions et les performances de son aile afin d’apprendre à lui faire confiance. On vous l’a probablement dit et répété, ça passe par le gonflage. Cependant gonfler ce n’est pas juste tenir la voile au-dessus de la tête ! C’est se retourner, se déplacer, la décrocher pour la rattraper, la monter sans toucher les freins, provoquer des fermetures frontales et asymétriques, faire le cobra, etc. Plein d’exercices sont disponibles sur le groundhandling challenge (www.andrebandarra.com/ghc), qui, bien entendu, peuvent et doivent se travailler aussi avec le moteur sur le dos avec des conditions variables (vent, turbulence) et sur une pente. Ensuite il faut voler, en essayant de comprendre tout ce qui se passe ou ne marche pas bien. Pour cela, à terre, un œil extérieur expérimenté peut aider vraiment, mais on peut mener cette analyse soi-même en débriefant systématiquement son vol plutôt que de passer à autre chose (comme la bière). Qu’ai-je bien fait? Qu’aurai-je pu mieux faire? Pourquoi? Certains pilotes subissent un stress en l’air, d’autres se mettent la pression au déco ou pour l’atterro. Olivier Beristain, instructeur paramoteur dans les collines du Pays Basque, envoie ses élèves s’entraîner à poser debout et avec précision en parapente, afin qu’ils intègrent bien la finesse de leur aile sans le risque ou la demande mentale qu’exige la gestion du moteur. Sans ce dernier, l’aile sera plus lente, car moins chargée, mais elle conservera la même finesse, les repères pour construire une finale sont donc identiques. Le paramoteur permet d’enchaîner les approches en remettant les gaz au dernier moment pour recommencer l’exercice, il ne faut pas s’en priver… c’est d’ailleurs une des recommandations d’Alex Mateos dans mon article de PM+57 rassemblant les conseils des champions du monde de PA pour se libérer de la fatalité des atterrissages approximatifs.

VI. Détends-toi

Ça n’est pas intrinsèquement le vent, l’altitude ou la turbulence qui crée du stress. C’est une chimie dans le cerveau, aussi on peut agir très efficacement dessus grâce à ces quelques conseils de notre préparatrice mentale Marine Descols. Veille d’abord à te trouver dans de bonnes dispositions pour un bon apprentissage, donc à être en forme physique et morale. Ai des exigences en rapport avec tes capacités du moment. Inutile de se mettre une pression de malade pour performer comme un athlète quand on débute. Sois tolérant si tu n’as plus fait d’exercice depuis longtemps, si tu es épuisé par le taf, si tu as peur des conditions… tu ne performeras pas pareil, d’ailleurs tu ne devrais peut-être pas voler. Si tu as tendance à stresser un peu, trouve une routine, un rituel d’échauffement : ça calme, permet de se recentrer et conditionne son esprit à l’apprentissage. On parle d’ancrage. Il peut s’agir de juste monter à pieds ou marcher un peu en bordure de déco, de méditer quelques instants ou de convoquer un “lieu refuge”. On peut utiliser la respiration « parasympathique » en expirant longuement et doucement pour évacuer la pression. La cohérence cardiaque est aussi une méthode anti-stress qui peut s’utiliser en permanence, à longueur de journée : il s’agit de respirer de façon contrôlée et égale (4 à 5 secondes par expiration et par inspiration). Tous les outils de préparation mentale pour voler avec ses peurs sont à retrouver dans ce dossier publié dans PM+68.

Que se passera-t-il si ça part en sucette ? Cette inconnue génère du stress, aussi il est intéressant de faire une exploration mentale pour pré-programmer ses réactions. Il ne s’agit pas du tout d’envisager le pire, mais de visualiser les réponses qu’on apportera dans les scénarios qui nous font flipper. Par exemple s’il devait y avoir autorot, collision avec un pilote, si tu étais contré par du vent fort, s’il fallait poser dans une forêt ou que tu percutais une ligne à haute tension (voir l’article PM+60)… que ferais-tu ? Chacune de ces visualisations –détaillée- sera de surcroît perçue par le cerveau comme une expérience vécue, donc cette démarche te permettra de prendre en même temps de la bouteille.

VII. Agis avec méthode

La préparation du matériel, le harnachement, le décollage et l’atterrissage : Ces étapes exigent de la rigueur, pas de l’improvisation. Utilise les méthodes connues, suis tes procédures et si tu devais changer ta technique, vérifie à deux fois. Ne t’enferme cependant pas dans une routine, par exemple tu dois être capable de décoller façe-voile en te retrournant des deux côtés. Alors tu partiras du bon pied. Rester concentré sur sa préparation implique aussi de ne pas se laisser distraire par les copains ou vouloir épater une jolie spectatrice. En vol essaie de suivre un objectif de progression que tu auras fixé, par exemple réaliser un exercice, poser avec précision… Etre focus sur quelque chose diminue le stress. Agir avec méthode pour l’apprentissage des manœuvres, c’est bien entendu assurer les fondamentaux et ne pas griller les étapes. Par exemple avant de mettre beaucoup d’énergie dans une aile, il faut maîtriser parfaitement le tangage et les tempos. Identifier les erreurs qu’on a commises et comprendre pourquoi permet de les surmonter. Tenir un cahier dans lequel nous décrivons nos vols, nos sensations, nos réussites et comment nous avons réussi à surmonter les difficultés permet de verbaliser et de remobiliser toutes ces bonnes choses. Chrigel Maurer dit que l’expérience, ce ne sont pas les heures de vol ou les kilomètres, mais la compréhension et l’internalisation des expériences. Quand c’est trop compliqué, que tu ne parviens pas à identifier les problèmes, il est toujours possible et recommandable de retourner voir une école ponctuellement.

VIII. Tiens ton rang et sens-toi à ta place

Lors des croisements, les autres pilotes s’attendent à ce que tu respectes les priorités, mais aussi à ce que vous prennes les tiennes, sinon il y a de la confusion et c’est la pagaille. On a besoin de comprendre clairement ce que font les autres en l’air, de pouvoir se faire confiance. Tu n’es donc pas obligé de modifier ta trajectoire dès qu’une aile EN-D s’apprête à croiser ta route. Fais-le s’il est prioritaire, mais pas parce qu’il a l’air très fort ! Pareil au déco, ne te sens pas obligé de laisser partir tout le monde pour te faire discret. On a le droit d’être en apprentissage, on a le droit de ne pas être un cador, tu as le droit d’être là. Il ne faut pas en avoir honte ou se cacher, tout le monde est passé par ce stade. Ne sois pas trop sensible à la critique, même si elle semble dure ou déplacée : pour Marine Descols, ça n’est en général pas à ta personne qu’elle s’adresse, mais à ta situation -provisoire- d’apprenti. Si tu te fais engueuler en l’air, c’est le plus souvent pour que tu puisses apprendre quelque chose ! Les jeunes pilotes plutôt doués (mais pas toujours), qui expliquent la vie aux anciens, on en croise chaque année. C’est assez insupportable, néanmoins il s’agit pour eux d’un processus d’apprentissage, car ils reformulent leurs apprentissages, débriefent leurs expériences. Si c’est ton cas, veille à rester humble et à bien potasser tes dossiers. Les jeunes manquent de bouteille, les vieux trimballent des lacunes, le paramoteur / parapente est une famille imparfaite…

IX. Prends ton temps

Inutile de te précipiter dans le vent ou la turbulence alors que tu ne possèdes encore que de peu de feeling et d’expérience, ni d’envoyer du pâté parce que les icônes du club le font. Il faut se donner le temps d’apprendre et de maîtriser les codes. Disposer de bons fondamentaux, c’est important, c’est rassurant et ça évite de se handicaper avec de mauvaises habitudes. En école, on vole en A et le casque est obligatoire, non pas pour être repéré de loin, mais pour se protéger. Après l’école on fait comme on veut, pourtant on est probablement plus exposés. Tout ça pour dire que le brevet de pilote ne signifie pas que l’on ne soit plus en apprentissage. La progression continue avec l’acquisition d’expériences et il faudra faire preuve d’humilité pour voler seul en sécurité. Inutile aussi de tout plaquer dès que les conditions semblent juste potables, attends que tous les voyants passent au vert pour permettre un bon vol : une bonne météo, un bon esprit, une bonne forme. Se donner la possibilité de renoncer est un gage de sécurité et diminue considérablement la pression qu’on se met. On a toute la vie devant soi et il faut aussi savoir passer son tour. Quand il y a des ailes en l’air, ça n’est pas parce que c’est bon pour eux, que ça l’est aussi pour toi !

X. Sois curieux

Plus tu accumuleras de connaissances, plus tu pourras te sentir bien. En fait cela dépend beaucoup des individus. Certains deviennent très à l’aise en suivant leur instinct et en défrichant, sans pouvoir expliquer ce qu’il se passe mais à un moment il faudra ouvrir les yeux. D’autres ont besoin dès le début de comprendre comment et pourquoi les choses fonctionnent, de faire tourner leur imaginaire, de poser plein de questions. Lire et relire ce magazine ou les livres de météo, de brevet, regarder des vidéos, discuter avec les pilotes experimentés pour engranger des connaissances, ça fait partie de la progression et de l’acquisition de l’autonomie. (Attention toutefois à ne pas sombrer dans la surconsommation de vidéos d’accidents sur internet). Prendre le temps de se poser pour juste observer les pilotes, comprendre ce qu’ils font, mais aussi analyser le ciel et les nuages avant de se précipiter en l’air est riche en enseignements. On peut faire des pronostics sur la façon dont se déroulera notre vol et analyser ensuite si on a vu juste. Cela permet d’affiner ses observations et de rentrer progressivement et plus détendu dans son vol.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *